mercredi 8 février 2012


Billet 13
Le militantisme sur Internet

La nouvelle apparaît sur lefil de nouvelles de Marc, via un ami qui est chercheur à l’endroit en question, l’Institut de rechercher socio‐économique (IRIS) : sortie sur les gaz de schiste. La recherche « Gaz de schiste : une filière écologique et profitable pour le Québec? » accroche mon attention. Marc travaille dans le milieu environnemental, tous s’attendent à ce qu'il  la publie sur son « mur Facebook », accompagnée d’un commentaire. Je n’ai pas le temps de la lire tout de suite…


Je me rends rapidement sur les sites du Devoir et de Cyberpresse pour voir ce qu’ils en disent. Je m’attendais à un article allant plus en profondeur dans le premier média, mais tout de même une petite analyse dans le second. Quelle ne fût pas ma surprise de ne pas trouver d’article sur Cyberpresse, mais un article assez approfondi d’Alexandre Shields, que je sais être un bon ami de l’IRIS. Logique.



C’est cet article qui est publié sur Facebook. Je réalise quelques minutes plus tard que Cyberpresse a bel et bien couvert la nouvelle, mais au milieu (et je précise bien « au milieu ») d’un article présentant l’organisme tout neuf en faveur d’une meilleure « transparence » dans l’information entourant les gaz de schiste, le Mouvement d’appui au gaz de shale (MAGS). Je repense au reportage mené il y a quelques mois par Jean‐René Dufort, où un responsable d’un site d’exploration se met entre le caméraman et le site du gaz pour les empêcher de filmer la scène. Transparence, c’est bien ça? « Alertes » sur Facebook : en 10 minutes, 7 personnes « aiment » l’article. Une seule personne a commenté : « merrci ! tu fais une job géniale :) je le partage à mon tour ». Je vois 5 personnes sur mon fil d’actualités, sélectif, qui ont publié l’article ou la recherche. Et voilà que la majorité des leaders des comités verts cégépiens liront cet article, et le publieront à leur tour pour leur entourage. Je n’ai personnellement pas de compte Twitter. Je trouve parfois difficile de gérer mon temps alors que mon emploi s’est totalement transformé suite à l’arrivée de Facebook. Avant, je ne devais qu’entretenir des liens, et répondre à leurs questions. Maintenant, les gens espèrent trouver sur mon profil la majorité de l’actualité environnementale. C’est beaucoup plus exigeant, et ça ne se résume plus à certaines heures de bureau!

Ce phénomène me frappe toujours : l’influence qu’ont eue les technologies de l’information sur le militantisme. Non seulement avons‐nous accès beaucoup plus rapidement aux informations, mais nous pouvons échanger rapidement sur le sujet, en débattre, se faire une idée des arguments pour et contre, et rejoindre une quantité impressionnante de gens potentiellement intéressés à notre cause.

Bien sûr, ces ressources ont leurs avantages (cités ci‐haut) et leurs inconvénients. Parmi ces derniers, la circulation rapide des informations permet plus facilement à une nouvelle erronée de faire le tour de la toile avant qu’elle soit corrigée. Les journalistes, sous pression, ne prendront pas toujours le temps de vérifier les informations qui parviennent sur leur bureau. De plus, dans ce cadre, tous en viennent un peu à jouer le rôle de journalistes. Combien de fois par jour je reçois des commentaires sur des communiqués de presse tirés directement de CNW, ou des entrées de blogue répondant à une autre entrée de blogue qui ne cite pas sa source?


Outre la circulation de l’information, les nombreux réseaux sociaux permettent aussi de passer à l’action, si l’ont peut dire. Pendant que je réfléchissais à cela, je vois un rappel sur Facebook : « Dernier jour pour signer la pétition pour la démission de Jean Charest ». Je mets toutefois un bémol sur ce type d’implication : ce n’est pas parce que quelqu’un signe une pétition sur Internet qu’il doit se sentir mieux, se dire qu’il a « fait sa part! » Nous avons toujours de la difficulté à faire comprendre ça à nos « leaders » sur les campus des cégeps : un peu dans la même optique, la mobilisation pour une manifestation ne peut se résumer à un « événement Facebook ». Dans le cadre de la mobilisation citoyenne, tout comme dans la majorité des contextes, les réseaux sociaux doivent demeurer un moyen, et non une fin. En plus de la pétition de 118934 noms contre l’exploitation des gaz de schiste, les artistes se sont mobilisés par un vidéo, et je suis encore étonnée de n’avoir reçu aucune pétition du réseau Avaaz.org à ce sujet. Selon vous, quelle proportion de tous ces signataires s’est sentie pleinement satisfaite après leur signature?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire