mercredi 8 février 2012

Billet 11
Cyberdémocratie

Le dictionnaire Webster définit la démocratie comme : « une forme de gouvernance où le pouvoir suprême appartient au peuple qui l’exerce directement ou indirectement par l’entremise d’un système de représentation ». De nos jours, c’est désormais la cyberdémocratie qui prime dans notre société. Étant encore au stade rudimentaire, la cyberdémocratie a toutefois créé une forte controverse à travers le monde tant au sein des gouvernements que des groupes politiques. Aujourd’hui, tout au long de cette analyse, il sera donc question de définir la cyberdémocratie et d’en analyser les avantages et les inconvénients.

Pour Ann Macintosh (2004), la cyberdémocratie réfère tout simplement à l’usage des TIC (technologies de l’information et de la communication) pour impliquer les citoyens, appuyer les processus démocratiques de prise de décision et renforcer la démocratie représentative. La cyberdémocratie est donc un concept principalement « basé sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, comme l’Internet, afin d’améliorer le processus démocratique au sein même d’un pays démocratique ». Étant particulièrement basé sur l’utilisation des ressources interactives d’Internet, l’objectif premier est de favoriser une participation directe des citoyens face à la vie publique et au processus décisionnel. « La cyberdémocratie vise le développement et l’amélioration des relations du gouvernement avec le citoyen en tant qu’acteur politique. Les services peuvent s’étendre de la simple diffusion de lois et règlements jusqu’à des services de vote en ligne ou de forums, de participation à des débats, en passant par les communications entre les citoyens et leurs députés ». Plusieurs outils s’offrent à la cyberdémocratie. Que ce soit le vote par Internet, le sondage en ligne, la pétition électronique, le forum de discussion ou la boîte à suggestions, tous peuvent véritablement être utiles pour ceux qui nous gouvernent.

Présentement, l’Internet semble la meilleure technologie afin de pratiquer la cyberdémocratie. Tandis que la radio et la télévision permettent un grand nombre de récepteurs, ils leurs sont impossibles d’obtenir un grand nombre d’émetteurs. Tandis que la téléphonie « ne met en relation qu’un interlocuteur avec un autre à la fois », l’Internet permet facilement la communication de nombreux interlocuteurs. De plus, ayant une grande capacité de stockage d’informations, l’Internet a déjà commencé à prendre « une part importante dans le processus de discussion démocratique et de diffusion des idées dans les campagnes électorales ». Par exemple, afin d’accroître et de faciliter la participation des citoyens dans le processus de décision et d’action politique, le président Obama a, en 2008 lors des élections présidentielles, mené sa campagne sur Internet. Une vingtaine de réseaux, dont Facebook, Twitter, Flickr et YouTube, ont servi à coordonner les actions de milliers de bénévoles travaillant pour lui. Selon un article dans La Presse publié en février 2009, entre son élection et son assermentation, le site de transition invitait les gens à soumettre leurs idées : 125 000 internautes ont répondu avec 44 000 propositions qui ont reçu 1,4 million de votes. De plus, au lendemain des élections, le nouveau site de la Maison-Blanche comprenait un blogue, le premier dans l’histoire de la présidence américaine, auquel ont contribué les proches collaborateurs du président .

D’autre part, plusieurs moyens de favoriser l’accès à une saine démocratie font que celle-ci est de plus en plus à la portée de tous. Ceux-ci ont entre autres l’avantage de plaire aux plus jeunes et donc d’augmenter sensiblement le taux de participation aux élections. Puisque l’Internet est accessible à la grande majorité d’entre nous, la prise de conscience politique devient aussi un point positif, car nous pouvons renverser la tendance et ainsi diminuer le taux d’abstention. Par contre, la difficulté majeure qui pourrait empêcher la cyberdémocratie d’être une totale réussite est celle de l’identification des citoyens. Puisque les élections démocratiques « impliquent à la fois le secret du vote, et un vote unique par personne : la cyberdémocratie doit permettre d’identifier chaque électeur de manière fiable sans compromettre son vote ». De ce point de vue, la cyberdémocratie devra faire face à plusieurs problèmes possibles que ce soit l’usurpation d’identité, le vandalisme ou bien la surcharge d’informations.

En ce moment, le Québec n’est pas encore prêt à faire ce grand saut. Selon Michaël Carpentier, spécialiste en stratégie et en positionnement Web chez la firme Zengo, les organisations au Québec ne sont pas encore prêtes à prendre le risque de s’ouvrir autant sur Internet. « Pour le moment, aucun parti n’a de stratégie orchestrée pour le Web, et ce qu’on voit ce sont essentiellement des actions isolées »7, par exemple la page Facebook du libéral Denis Coderre qui a fait beaucoup jasée. Selon moi, le Québec pourrait se démarquer et en faire davantage. Si nos voisins du sud ont si bien réussi la campagne d’Obama, pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ? Selon le site Internet Technaute.ca, au prorata de notre population, Facebook est plus utilisé par les Canadiens que par les Américains. Nous sommes l’un des pays qui utilisent le plus cette plateforme. Il est donc certain que la démocratie virtuelle aurait un effet fulgurant sur la population. En campagne électorale, les candidats pourraient ainsi inviter la population à participer à l’élaboration de nouvelles politiques. Ceux-ci soumettraient des idées et collaboreraient ainsi aux nouveaux projets mis en place par le gouvernement. De toute évidence, les consultations publiques sont appelées à changer. Le citoyen n’aura pas toujours à se rendre à l’Assemblée nationale pour se faire entendre des élus, la consultation pourrait le rejoindre chez lui, dans son propre salon, à l’heure et au jour qui lui conviennent

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